AMMAN LA VILLE NOUVELLE
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Les claquements secs et répétés au-dessus de nos têtes nous laissèrent nous demander pourquoi nous regardions bêtement vers le ciel. Rien dans les quelques nuages ne laissait entrevoir l’origine de ce son étrange. Nous venions de quitter la citadelle qui offrait une vue imprenable sur Amman et avions été saisis d’un triste constat. Outre quelques bâtiments d’époque greco-romaine, la ville était extrêmement jeune. Les tremblements de terre n’avaient presque rien laissé survivre d’une cité à l’histoire immémoriale que s’étaient partagés nabatéens, grecs, byzantins ou encore ottomans. Les escaliers abrupts que nous descendions ne pouvaient avoir, au plus, qu’une centaine d’années, lorsque ce bruit si singulier nous fit nous arrêter à nouveau. Au-dessus de notre tête, dans l’encadrement de la ruelle, un vol de colombes apprivoisées formait des boucles rapides autour de leur propriétaire qu’on imaginait sur un toit voisin.
Le vol d’oiseaux effectua à nouveau les mêmes cercles frénétiques presque trois semaine après notre dernier passage à Amman. Entre temps, nous avions appris à mieux apprécier cette ville au-delà de son élégance limitée. Figure d’un pays où la tolérance évoluait sur les terrains religieux comme social, la capitale bouillonnante et culturelle était à l’image de ses habitants. Des gens avenants, désireux de partager la culture sans jamais vouloir l’imposer. Une jeune génération de femmes émancipées prêtes à faire changer des pratiques traditionnelles éculées. Une société où l’hospitalité ne se limite pas à l’accueil bienveillant du tourisme mais englobe celui de millions de réfugiés des différents conflits locaux depuis des décennies.