PROMENADE ANTIQUE À JERASH

Profitant de l’arrêt que m’avait imposé une pierre mal placée juste devant mon orteil, j’effectuais encore un tour d’horizon. La vue ne portait plus aussi loin depuis que nous avions quitté le parvis du temple d’Artemis mais, c’est à ce moment que j’ai décidé de nous orienter vers les ruines de la petite église en contrebas. Le terrain rocailleux parsemé d’herbe fraîche qui englouti lentement les ruines de Jerash incite à marcher sans but tout en profitant de l’impression singulière qu’offre le paysage. Au premier plan, d’innombrables morceaux de colonnes à peine déterrées côtoient leurs jumelles plus chanceuses dont l’alignement et la superbe ont été restaurés. Là un pavage, ici les ruines d’une fontaine où se mélangent styles grec et romain. Le contraste est fort avec la ville nouvelle anguleuse et terne qui tapisse l’horizon comme une toile de fond perdue dans la brume.

Nous venions à peine de rejoindre la petite église en question que déjà mon intérêt se dissipait, cherchant du regard notre prochain objectif dans cette navigation à vue bien agréable. Pourtant, en jetant un oeil par dessus le muret, un large pavage en mosaïque réussit sans peine à nous arrêter plus longtemps. Les couleurs vives et les motifs détaillés qui le composaient étaient l’oeuvre d’artistes byzantins dont le talent venait de nous laisser sans voix. Après plusieurs minutes passées à contempler leur oeuvre, nous avons également pris le temps de savourer le plaisir d’avoir été  agréablement surpris. En reprenant notre route cette fois en direction du grand hippodrome, nous savions que cette promenade antique était déjà une réussite.