LES MOSAÏQUES BYZANTINES DE MADABA

Le froid transformai notre souffle en buée et les rues avaient été désertées. La grêle qui était tombée dru il y a quelques heures tapissait encore les pare-brises des véhicules. La grille des ruines de l’église byzantine était fermée, nous étions pourtant arrivés durant les horaires d’ouverture. En poussant le loquet je constatais que la serrure n’était pas verrouillée. La grille s’ouvra dans un grincement tandis que je jetais un coup d’oeil nerveux autour de moi. L’homme de la boutique en face croisa mon regard et leva le pouce en l’air comme pour me rassurer de la normalité de la situation. Avec sa bénédiction, nous sommes rentrés.

Le bâtiment était moderne et recouvrait des ruines particulièrement usées par le temps. Au plafond, une ribambelle de pigeons en pleine digestion s’apprêtaient à vandaliser une énième fois les trésors historiques sous leurs pattes. La mosaïque principale avait toutefois fière allure avec ses personnages dynamiques faits de tesselles colorées finement ciselées. Contrairement à beaucoup d’autres sites en ville, les visages n’avaient pas été déconstruits par des envahisseurs soucieux d’effacer l’image des vaincus. Les pavements d’époque étaient donc remarquablement conservés et il n’en fallait pas plus pour réussir à s’imaginer la splendeur passée des lieux.