SELS DE LA MER MORTE

Je venais d’ouvrir la portière de la voiture et déjà la chaleur était suffocante. Située à 400 mètres sous le niveau des océans, la mer morte semble recueillir la chaleur aussi bien qu’elle conserve le sel. Depuis la route, la rive se devinait derrière le relief, loin en contrebas. Seul un rocher blanchâtre dépassait de la butte de terre qui nous masquait la vue. Sans trop réfléchir je décidais d’aller voir. Par chance, la descente me parut relativement aisée, sauf pour la température qui ne faisait qu’empirer. Arrivé au niveau de la butte, je m’apprêtais à embrasser la vaste étendue d’eau du regard.

Ma surprise laissa vite place à l’excitation car la rive que je venais de rejoindre était une plage de sel comme jamais je n’en avais vu. Partout les cristaux blancs avaient avalé la roche pour ne laisser que sculptures géométriques étincelantes et variées. Ici des stalactites pendaient sous les surplombs de pierre, là une plage de grains de sel rassemblés par le ressac, plus loin un champ de lames de rasoir sculptées par le vent. C’est à regret que je dus rapidement remonter. Mais les rayons du soleil réfléchis par ce miroir de sel avaient rendu la température juste insupportable.