AU BOUT DU SIQ : PETRA

Le rythme de marche soutenu que nous maintenions depuis quelques temps avait dissipé le froid. Le soleil n’était pas encore levé mais la lumière qui émanait de derrière la montagne suffisait à y voir clair. Au détour d’un virage, le chemin disparut dans la montagne. La roche brune avait la couleur de la glace au café et l’érosion s’était chargé de lui en donner la forme. Les dômes supérieurs arrondis par la pluie et le vent semblaient couler le long des parois abruptes. C’est dans un interstice de ce massif presque comestible que nous venions de pénétrer.

Rapidement les parois prirent de l’altitude pour atteindre sans peine quelques centaines de mètres. Le chemin se fit étroit et tortueux, presque claustrophobique. Vingt minutes plus tard, nous nous frayions toujours un chemin à travers la montagne et rien ne semblait en indiquer la fin. Pourtant, les parois de cet interminable tunnel à ciel ouvert finirent pas s’éclairer. La lueur au bout du sentier se rapprochait aussi vite que nous ralentissions pour mieux savourer le moment à venir. La mise en scène avait été parfaite, le moment dramatique arrivait enfin.

Entre les parois de roche brute, des détails élégamment ciselés firent d’abord leur apparition. Quelques mètres encore et c’est toute une façade arrachée à la roche qui s’offrait à nos yeux ébahis. Le soleil avait eu le temps de se lever et ses rayons entouraient la façade dressée devant nous avec douceur. La finesse de la taille, la couleur de la roche et le silence de cathédrale vibrant à l’unisson, nous sommes restés sans voix devant un tel spectacle. Nous venions d’arpenter le siq, ce chemin à l’intérieur de la pierre, pour finalement tomber nez à nez avec le bien nommé “trésor”, gravé à même la roche. L’immense cité troglodyte de Petra s’étendait encore derrière.